Colocs fantômes

De Luc Boulanger

Résumé

Pierre et ses deux enfants, Lily et Noah, s’installent dans une maison ancestrale à la campagne. Toutefois, cette maison renferme plus que des souvenirs; deux fantômes, également des enfants, y demeurent. Si la cohabitation s’avère d’abord difficile, une solide relation d’amitié va se nouer entre les enfants vivants et les revenants permettant à ces derniers de se libérer d’une étrange malédiction.

Une histoire fantastique captivante qui met en avant les valeurs de la coopération et des liens familiaux.

Fiche technique

  • Style/Thème : Coopération et valeurs familiales
  • Lieu : Une maison bicentenaire
  • Nombre de comédiens : 8
  • Durée : 50 min. (37 pages)
  • Âge : 8 à 13 ans
  • Niveau : Intermédiaire

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Informations générales

Théâtre Animagination

Extrait de la pièce

Colocs fantômes

Pièce de théâtre fantastique par Luc Boulanger

 

Les personnages

Pierre : père de Noah et Lily, plein de bonne volonté mais un peu stressé, porte des vêtements de représentant.
Noah : grand frère de Lily, passionné mais un peu rebelle, aime se distinguer par son habillement.
Lily : petite soeur de Noah, enthousiaste mais un peu naïve, aime les accessoires de jeune fille ; bracelets, éléments dans les cheveux…
Katherine : nouvelle conjointe de Pierre, perspicace et compréhensive, s’habille avec goût.
Jasmin : propriétaire de la maison, expressif, a une allure campagnarde, par exemple chemise à carreaux. Détail important : il porte au cou une vieille clé.
Théodore : fantôme, frère d’Églantine, calme et curieux, vêtu à l’ancienne.
Églantine : fantôme, soeur de Théodore, espiègle et sûre d’elle, vêtue à l’ancienne.
La mère de Théodore et Églantine (deux courtes apparitions).

Décors :

Toute l’histoire se déroule dans la même pièce, soit le deuxième étage d’une maison bicentenaire. L’aire est dégagée ; on y retrouve une chaise berçante et un bureau de travail.

Ce texte de pièce de théâtre fantastique est protégé par les lois sur le droit d’auteur. Avant de le reproduire (le photocopier), le présenter devant public ou le publier sur papier ou de façon électronique, assurez-vous d’avoir les autorisations requises. 

 

Scène 1 de cette pièce de théâtre fantastique

Théodore et Églantine chantent la chanson « Nous n’irons plus aux bois » en jouant à se taper dans les mains. Églantine s’arrête subitement.

Églantine : Tu as entendu ?

Théodore qui écoute un peu: Non.

Églantine : Oui, on vient par ici.

Elle s’avance vers le devant de la scène. On comprend qu’elle regarde par une fenêtre.

Églantine : Qu’est-ce que je te disais ? On va avoir de la visite.

Théodore : Enfin du nouveau !

Églantine : J’ai hâte de voir ce qu’ils ont dans le ventre.

Théodore : Est-ce qu’on est obligé de leur faire peur ?

Églantine : Théodore, nous sommes des fantômes. Notre boulot est de leur donner une bonne frousse pour qu’ils détalent plus vite que des lièvres.

Théodore : Et on va encore se retrouver seuls pour plusieurs années.

Églantine qui regarde toujours par la fenêtre : C’est une famille.

Théodore : Formidable, il y a belle lurette que je n’ai pas rencontré d’autres enfants.

Églantine : Je vois le père, deux enfants, mais il n’y a point de mère.

Théodore : Deux garçons, c’est encore mieux.

Églantine : Mais non, regarde bien ; celle qui court a une allure de fille.

Théodore pas convaincu : Elle porte des pantalons.

Églantine : Depuis que nous sommes décédés, les habitudes ont bien changé. Maintenant, les filles portent des pantalons.

Théodore : Ce n’est pas très convenable.

Églantine : Oui, j’ai beaucoup de difficulté à comprendre.

Théodore : C’est comme pour leurs calèches, on ne voit aucun attelage, aucun cheval, mais elles roulent quand même.

Églantine : Moi, je crois que les chevaux sont cachés à l’intérieur.

Théodore : Je donnerais cher pour savoir comment ça fonctionne.

Églantine : Ils montent. Fin de la scène de cette pièce de théâtre fantastique.

 

Scène 2

Pierre, Noah et Lily entrent dans la pièce. Ils sont suivis par Jasmin. Bien entendu, ils ne peuvent voir ni entendre Théodore et Églantine qui, eux, les observent attentivement. 

Lily : Wow ! Cool, vraiment « chill ».

Églantine : Ils ne parlent même pas français.

Noah : Ça sent le vieux.

Théodore : Mais oui, c’est du français d’aujourd’hui… si on peut dire.

Jasmin : On va ouvrir la fenêtre ; le bon air de la campagne va chasser l’odeur de renfermé.

Jasmin mime le mouvement d’ouvrir la fenêtre.

Églantine en examinant Lily de près : Elle a des objets étranges dans les cheveux.

Théodore observe Noah : On ne lui voit même pas les yeux.

Pierre : Vous avez démoli les murs pour créer une belle grande pièce à aire ouverte.

Jasmin : Pas du tout. La maison est telle qu’elle a été construite il y a près de deux cents ans.

Noah : Deux cents ans !

Jasmin : Certainement. Dans ce temps-là, on ne construisait pas de mur parce que ça empêchait la chaleur du poêle à bois de se diffuser.

Lily : Ma chambre va être ici.

Pierre : Ici en haut ? Je pensais plutôt installer mon atelier de bijouterie. L’endroit est parfait et ce vieux bureau est magnifique. (Il se tourne vers Jasmin) Il est d’époque ?

Jasmin : J’en sais rien. Le dernier locataire l’a laissé ici.

Pierre : Ah bon !

Jasmin : Il est parti subitement sans prévenir.

Églantine : Pauvre petit. Il a eu droit à mon numéro de la revenante qui s’enflamme.

Jasmin : Vous êtes bijoutier ?

Pierre : Je travaille pour une chaine de magasins de bijoux et parfois je ramène du boulot à la maison.

Jasmin : Ah oui, j’ai remarqué qu’une nouvelle boutique venait d’ouvrir au village. Intéressant.

Lily à son père : Tu peux installer ton atelier de ce côté et nous, on dormira de l’autre.

Noah : Nous ?

Lily : Noah, je vais m’ennuyer toute seule dans cette grande chambre.

Noah : Maintenant que nous avons une maison, j’avais plutôt le projet d’envahir le sous-sol.

Jasmin : Oublie le sous-sol. On parle plutôt d’une cave, c’est-à-dire un endroit frais pour garder les légumes.

Lily : Tu pourrais dormir avec les légumes. Tu te sentirais chez toi.

Noah : Très drôle.

Pierre à Jasmin : L’endroit est magnifique. Je suis prêt à signer le contrat de location.

Jasmin : Parfait. La maison est vide depuis trop longtemps. Un peu de va-et-vient, ça va lui remonter le moral.

Noah : Moi, j’aime pas ça ici.

Pierre : Pourquoi ?

Noah : Je le sais pas… Je me sens pas bien… On dirait qu’on nous surveille.

Jasmin : C’est juste une impression. Tu sais qui a plein de gens qui ont vécu ici, alors tu penses qu’ils sont encore là. Mais fie toi à moi ; les fantômes, ça n’existe pas.

La dernière réplique fait rire Églantine.

Noah : Vous avez entendu le rire ?

Jasmin, Pierre et Lily se regardent incrédules, car ils n’ont rien entendu.

Lily : Ton imagination te joue des tours, mon frère.

Noah : Pourtant, j’ai pas rêvé.

Pierre vers Noah : Écoute mon grand, je comprends que c’est un choc pour toi de quitter le quartier où tu as grandi, mais un changement peut juste nous faire du bien. Est-ce que tu es d’accord pour au moins essayer ?

Noah après une certaine hésitation : Ouin.

Pierre vers Jasmin comme pour s’excuser : On vient de vivre une grande épreuve.

Jasmin : Vous allez voir, la campagne, il y a rien de mieux pour se replacer les idées.

Il tend les clés à Pierre.

Jasmin : Vous êtes maintenant le seul maître à bord.

Églantine : C’est ce que vous croyez.

Lily : Cool, je coure chercher mes affaires.

Elle quitte aussitôt.

Jasmin : Avant d’aller signer les papiers, il faut que je vous explique comment fonctionne le système de chauffage. Je vais devoir revenir pour terminer quelques réparations.

Pierre : Pas de problème monsieur Bourleau.

Jasmin : Appelez-moi Jasmin.

Jasmin et Pierre quittent. Noah reste quelques instants de plus pour observer, puis il quitte à son tour.

Théodore : Je crois que le garçon a senti notre présence.

Églantine : Mais non.

Théodore : Il a entendu ton rire.

Églantine : Peut-être.

Théodore : Certains vivants ont la capacité d’entrer en contact avec les fantômes.

Églantine : Théo, je sais que tu voudrais leur parler, mais c’est impossible.

Théodore : Pourquoi ?

Églantine : Parce que les morts ne parlent pas avec les vivants. Un point, c’est tout.

Théodore : Dommage.

 

Scène 3 de cette pièce de théâtre fantastique

Lily revient avec un matelas mousse et un sac de couchage. Elle est suivie de près par Pierre qui transporte son matériel de bijoutier : outils et loupes. Il va déposer le tout sur le bureau. Les fantômes suivent l’action avec grand intérêt.

Lily : Est-ce que je peux dormir ici ?

Pierre : Où tu veux ma grande. C’est pas la place qui manque.

Noah arrive à son tour. Il jette son matelas, son sac de couchage et sa valise brusquement par terre.

Noah : Quand est-ce qu’on va avoir nos meubles ?

Pierre : D’ici une semaine. J’ai eu beaucoup de difficulté à trouver un camion de déménagement.

Noah : Une semaine ! On va dormir une semaine sur le plancher.

Lily : C’est le fun. J’ai l’impression d’être en camping.

Pierre : Bravo pour ton attitude Lily. Noah, tu devrais prendre exemple sur ta sœur.

Noah en sortant de son sac une tablette informatique :Ouin.

Lily quitte pour aller chercher son sac.

Pierre : Va falloir y mettre du tien.

Noah : C’est correct, c’est juste que…

Ateliers de cinéma

Pierre : Juste quoi ?

Noah en pitonnant sur sa tablette : Ah non.

Théodore intrigué : Mais qu’est-ce que c’est que ça ?

Pierre : Lâche ta tablette un instant… Je veux que tu t’exprimes.

Noah : Pourquoi venir aussi creux ?

Pierre : Ben là, on est juste à 45 minutes de la ville… Je vous ai déjà expliqué pourquoi. En acceptant de venir travailler en région, j’ai des possibilités d’avancement et le loyer de la maison est vraiment abordable. On n’aurait jamais autant d’espace en ville.

Noah : Pourquoi on s’achète pas une maison à nous ?

Pierre : Simplement parce qu’on n’a pas les moyens. Avec la situation qu’on vit, j’ai besoin de repartir en neuf, de me rapprocher de ma famille.

Lily qui revient avec son sac : Pour être proche de la famille, on l’est. Sur le chemin en s’en venant, je lisais les noms sur les boîtes à lettres ; Alphonse Bourleau, Roméo Bourleau, épicerie Bourleau, fleuriste Bourleau. Le village devrait s’appeler Bourleauville.

Pierre : Et on a tous le même ancêtre.

Théodore : Ils sont donc parents avec nous.

Lily : Est-ce que monsieur Jasmin est… disons un de tes cousins ?

Pierre : Un lointain cousin probablement.

Noah : Trop de parenté dans le même village, ça crée un climat malsain. La pression familiale étouffe tout, même les crimes. Moi, je suis certain que cette maison cache un secret, je le sens.

Églantine : Je te laisserai pas mettre le nez dans nos affaires.

Pierre : Ben voyons.

Lily : Moi, je pense que tu lis trop de romans d’horreur.

Pierre : En tout cas, demain, vous commencez à votre nouvelle école. Ça va être une journée importante et on va devoir être en forme. Ça c’est pas un secret.

Lily qui sort plein de toutous de son sac: Ah non, il faut pas se mettre au lit tout de suite.

Pierre : Oh que oui. En plus, Katherine va souper avec nous demain soir.

Noah et Lily figent. Ils se regardent pas trop emballés.

Églantine qui pointe les toutous : T’as vu ça ?

Pierre : Elle veut seulement mieux vous connaître. Inquiétez-vous pas, elle va pas prendre la place de votre mère. C’est ma nouvelle compagne, faudra s’y habituer.

Noah et Lily restent sans expression.

Pierre : Est-ce que je peux compter sur votre collaboration ?

Noah et Lily sont toujours impassibles. D’un signe de tête, Pierre insiste.

Lily : Bien sûr !

Noah : Elle pourrait peut-être en profiter pour apporter nos meubles.

Pierre : Noah ! S’il te plait. Est-ce que je peux compter sur toi ?

Noah fait un signe affirmatif.

Pierre : Merci. Maintenant, au lit ! On se dépêche.

À contrecœur, Lily et Noah se préparent pour le coucher. Fin de la scène de cette pièce de théâtre fantastique.

 

Scène 4

Lily et Noah sont installés dans leur sac de couchage. Noah sort une lampe de poche (torche électrique) et un livre.

Lily : Tu lis encore tes romans d’horreur.

Noah : J’ai pas le goût de dormir tout de suite.

Lily : Moi, je pense que papa a raison, une journée importante nous attend et… de toute façon, j’ai sommeil.

Lily ferme les yeux. Églantine s’approche d’elle et lui souffle dans le visage. Lily se redresse et se tourne vers son frère.

Lily : Pourquoi tu m’as soufflé au visage ?

Noah : Je t’ai pas soufflé au visage.

Lily : Mais oui.

Noah : J’ai même pas bougé.

Églantine rigole un peu. Théodore sourit. Lily hausse les épaules et se recouche. Églantine se dirige vers la chaise berçante et la fait bouger.

Lily qui se redresse à nouveau : T’as vu ? La chaise berçante a bougé.

Noah qui lève la tête de son livre : Non.

Lily : Je te le dis.

Noah : C’est une vieille maison pleine de trous. Le vent passe à travers pour te souffler au visage et faire bouger la chaise.

Lily : T’es certain ?

Noah : Bien sûr.

Lily : J’ai un peu peur.

Noah en souriant : C’est moi qui lis les romans d’horreur et c’est toi qui a peur.

Pas trop rassurée, Lily se couche. Elle ferme les yeux très fort. Églantine va au bureau et pousse un des outils du père pour qu’il tombe sur le plancher.

Lily qui se lève debout sur son lit : T’as entendu là, t’as entendu ?

Noah : Oui, j’ai entendu.

Il se lève et va vers le bureau pour ramasser l’outil.

Lily : T’avais raison. Il y a des esprits ici et ils nous surveillent.

Noah : Les pinces étaient probablement sur le bord de la table en déséquilibre. Ça prenait juste une petite secousse pour qu’elles tombent.

Lily : Ça fait beaucoup de coïncidences en peu de temps. Tout à l’heure, tu sentais des esprits. Ils nous veulent peut-être du mal.

Noah : Oui, cette maison me semble étrange. Mais il ne faut pas avoir peur, si des esprits habitent ici, ils ne peuvent pas nous faire du mal.

Lily : Parce que t’es un spécialiste des fantômes peut-être !

Noah en montant son livre : C’est pas moi qui le dit, c’est Barry Cocker. Comme les fantômes ne sont pas des êtres en chair et en os, ils ne peuvent pas nous blesser. Au pire, ils vont tenter de nous effrayer. Mais si on contrôle notre peur, on devient invincible.

Lily : Moi, je suis incapable de contrôler ma peur. J’arriverai jamais à dormir.

Noah : Le meilleur truc, c’est de se changer les idées. Est-ce que tu veux que je te lise un bout de mon livre ?

Lily : T’es fou. Je dormirai plus jamais de ma vie.

Noah : Vas donc falloir que je me contente du « Journal d’Amélie Laflèche ».

Lily : Tu serais gentil.

Noah acquiesce. Lily entre dans son sac de couchage et Noah s’installe en tailleur. Il prend le livre de sa sœur et commence à lire.

Noah : Vendredi 5 mai. Je capote, je ne sais plus quoi faire. Aujourd’hui, j’ai un exposé oral dans mon cours de français. Habituellement, ça ne me fait pas capoter, mais là, je me suis levé ce matin et en me regardant dans le miroir, qu’est-ce que je vois ? Pas un, mais deux boutons sur mon nez. Et dire que le beau Jean-Roch va être assis juste devant moi…

Noah s’arrête pour constater que sa sœur dort déjà. Il range donc le livre et la lampe de poche, puis se couche à son tour. Fin de la scène de cette pièce de théâtre fantastique.

 

Scène 5 de cette pièce de théâtre fantastique

On est le lendemain matin. Le père entre subitement.

Pierre : Dépêchez-vous, on est en retard.

Noah : Hein, qu’est-ce qui se passe ?

Lily : Il est déjà huit heures.

Noah : Huit heures. Je comprends pas. Mon cadran a même pas sonné.

Pierre : Le mien non plus.

Lily : C’est bizarre.

Églantine en riant un peu : Je vous ai joué un bon tour.

Pierre : Habillez-vous rapidement. On prendra quelque chose en passant pour déjeuner.

Lily : J’ai fait un cauchemar horrible. J’étais perdue dans une tempête de neige. J’essayais d’avancer, mais j’étais pas capable. À chaque pas, je m’enfonçais de plus en plus dans la neige.

Noah : J’ai fait le même rêve.

Lily : C’est vrai ?

Il lui fait un signe de tête affirmatif.

Pierre : Je vais aller vous reconduire à l’école ce matin, mais c’est Katherine qui va aller vous chercher.

Noah et Lily interrompent leurs préparatifs pour se regarder.

Théodore : J’ai bien hâte de voir qui est cette Katherine.

Pierre : J’ai pas le choix. On a une formation qui va se terminer tard et je peux pas la manquer. Allez, Lily, plus vite.

Lily : Ça va. Faut bien que je m’arrange les cheveux.

Ils prennent quelques affaires rapidement et s’en vont.

Églantine en s’emparant d’un des toutous: Tu as tenté de communiquer avec eux par la voie des rêves.

Théodore : Les rêves, c’est ma spécialité, tu le sais.

Églantine : Est-ce que tu étais obligé de leur raconter notre histoire ?

Il ne sait pas trop quoi répliquer. Il hausse les épaules. Églantine replace le toutou à un endroit différent. Théodore se penche sur le livre que Noah a laissé ouvert. Il lit un peu et, par signe, demande à sa sœur de venir tourner la page. Ils lisent le livre. Un peu de temps passe.

 

Scène 6 de cette pièce de théâtre fantastique

Katherine entre en premier. Elle est suivie de près par Pierre.

Katherine : Magnifique ! C’est encore plus beau que je l’imaginais.

Pierre : T’aimes ça ?

Katherine : J’adore ! J’ai l’impression de me retrouver dans la maison de mon grand-père.

Théodore : D’après moi, il s’agit de Katherine.

Lily et Noah entrent côte à côte. Ils sont plutôt indifférents.

Katherine : Petite fille, j’aurais été folle de joie d’avoir une chambre comme celle-ci. (À Lily) T’es chanceuse.

Lily : Je vais demander à papa de me fabriquer des tablettes pour exposer tous mes toutous.

Katherine : Bonne idée.

Noah donne un coup de coude à Lily pour lui signifier qu’elle a été trop aimable avec Katherine. Lily ne comprend pas trop.

Pierre qui s’est approché de son bureau : On dirait que quelqu’un a fouillé dans mes affaires.

Lily et Noah se regardent inquiets.

Pierre : Où est le bracelet de madame Turgeon ? Il était là ce matin, je m’en souviens très bien.

Noah : On a touché à rien.

Pierre qui s’énerve un peu : Qu’est-ce que je vais dire à Mme Turgeon ? Un bijoutier qui perd les bijoux de ses clients, ça vaut pas cher la livre.

Katherine : Il est peut-être juste tombé sur le plancher. C’est facile de perdre un p’tit bracelet à travers les craques de bois.

Elle se met à chercher. Pierre fait de même. Les enfants ne bougent pas.

Pierre : Si c’est une blague, elle est pas drôle du tout.

Lily : Cette nuit, j’ai entendu des esprits qui déplaçaient tes outils. Ils ont peut-être volé le bracelet. Quand je suis revenu de l’école, j’ai aussi remarqué que mes toutous n’étaient plus à la même place.

Pierre : Franchement Lily… des esprits qui font bouger mes outils.

Avec son doigt, Églantine pousse les pinces qui tombent en bas du bureau. Lily et Noah se regardent stupéfaits. 

Pierre qui se penche pour ramasser les pinces : Voyons !

Il replace les pinces sur le bureau.

Katherine aux enfants : Si on cherchait le bracelet tout le monde ensemble, ça irait mieux.

Noah : Toi, t’es pas notre mère. Dis-nous pas quoi faire.

Pierre : Pardon ! Qu’est-ce que j’ai entendu ?

Noah baisse la tête.

Pierre : Tu vas t’excuser immédiatement.

Noah reste muet.

Pierre : Allez !

Katherine : Pierre, c’est pas nécessaire.

Pierre : J’accepte pas ce genre de comportement.

Noah : Ok, je m’excuse.

Pierre : J’avais demandé votre collaboration et tout ce que j’ai obtenu, c’est deux enfants muets durant tout le souper et des insultes pour notre invité. Je suis pas mal découragé.

Noah : C’est nous qui sommes découragés avec ta vieille maison et tes histoires de repartir en neuf.

Pierre : Bon, là je pense que vous avez dépassé les bornes, allez-vous brosser les dents. Ensuite, au lit !

Noah : Tout de suite.

Pierre : Oui monsieur, ça va vous permettre de réfléchir.

Lily : Mais, j’ai rien fait moi.

Pierre : Toi, avec tes histoires d’esprits, t’es pas mieux.

Églantine choisit ce moment pour faire tomber à nouveau les pinces.

Pierre qui retourne ramasser les pinces : Encore ! Faut croire qu’elles ont la bougeotte.

Katherine : Je les ai peut-être accrochées.

Noah : Mais là… Me semble que c’est injuste.

Pierre : Pas de discussion. Il vous reste cinq minutes.

Noah n’est pas content. Il prend brusquement sa brosse à dents et part. Lily le suit.

Pierre : Je suis désolé. J’aurais tant voulu que ça se passe autrement.

Katherine : Écoute, je comprends. Ils sont encore bouleversés par le départ de leur mère.

Pierre : Ouais. Peut-être que je me suis emporté un peu trop rapidement.

Katherine : T’as eu beaucoup de pression dernièrement.

Pierre : C’est sûr. Ouvrir une nouvelle boutique, c’est de l’ouvrage. En plus, j’ai plutôt mal dormi la nuit dernière. J’ai fait plein de cauchemars.

Katherine avec un petit sourire: Peut-être que t’as besoin de te détendre ?

Pierre : Ça ferait pas de tort. Katherine, je suis désolé pour ce que t’as dit Noah.

Katherine : Il a raison ; je ne suis pas sa mère. J’aurais pu m’y prendre autrement.

Pierre : Il est toujours en réaction.

Katherine : C’est difficile pour un garçon de son âge d’accepter que sa mère parte subitement refaire sa vie à l’autre bout du pays.

Pierre : En plus, elle les appelle jamais. Pour eux, c’est comme si elle était morte.

Katherine : Faudrait peut-être lui rappeler qu’elle a des enfants.

Pierre : J’ai même pas ses coordonnées… Ouf, je me sens tellement… dépassé par la situation.

Katherine : Avec du temps et de la patience, ça va se replacer.

Noah et Lily reviennent et s’installent sur leur matelas.

Pierre : Bon les enfants. Je pense qu’on s’est un peu énervé. Il s’est dit des paroles qui ont dépassé nos pensées. On pourra en reparler demain matin après une bonne nuit de sommeil. Vous êtes d’accord ?

Lily : Oui papa. Je m’excuse.

Pierre : Ben non, c’est moi qui m’excuse.

Il est un peu mal à l’aise.

Pierre : On cherchera le bracelet demain. Bonne nuit.

Les enfants : Bonne nuit papa !

Katherine leur fait un petit signe de la main et elle quitte avec Pierre. Fin de la scène de cette pièce de théâtre fantastique.

 

Scène 7

Noah s’installe sur son matelas pour lire son livre avec sa lampe de poche. Lily est assise en tailleur.

Lily : Peut-être qu’on aurait dû être plus gentils avec Katherine.

Noah : Elle veut prendre la place de maman.

Lily : Moi, je pense qu’elle veut juste nous aider. Maman est partie de toute façon.

Noah : Elle va revenir.

Lily : J’ai l’impression qu’elle nous a oubliés.

Noah : Un jour, maman va nous ramener chez elle.

Lily : À l’autre bout du pays. Je le sais pas si ça me tente.

Églantine fait bouger la chaise berçante.

Lily : T’as vu. La chaise a encore bougé toute seule.

Noah : Oui, j’ai vu.

Églantine fait bouger la chaise à nouveau.

Lily : Ça recommence. J’aime pas ça.

Églantine se met à rire.

Noah : J’ai entendu un rire, un rire de fille.

Lily : Ah non ! Je suis morte de peur.

Noah : Calme-toi. Rappelle-toi qu’ils ne peuvent pas te faire de mal. Souvent, ils ont besoin de nous.

Il se lève.

Noah : Esprit, si tu es là, bouge la chaise encore une fois.

Théodore : Allez, bouge la chaise.

Églantine : J’ai pas d’ordre à recevoir d’un vivant.

Théodore : Bouge la chaise, je te dis.

Églantine : Fais-le toi même.

Théodore : Si j’étais capable, je le ferais c’est certain.

Églantine : Bon.

Elle fait bouger la chaise.

Lily : Ah non ! J’hallucine.

Noah : Je le savais. Je m’étais pas trompé. Écoutez, pour oui, agitez la chaise une fois et pour non, deux fois. Est-ce que vous comprenez ?

Théodore fait signe à Églantine d’agiter la chaise. Elle la fait balancer une fois.

Noah : Excellent.

Lily : Arrête.

Noah : Fais-moi confiance. Est-ce que tu es une enfant comme nous ?

Églantine balance la chaise une fois.

Noah : Tu as vécu dans cette maison ?

Églantine balance la chaise une fois.

Noah : Est-ce que tu es seule ?

Églantine balance la chaise deux fois.

Noah : Combien êtes-vous ? Je vais compter le nombre fois que vous balancez la chaise.

Églantine balance la chaise deux fois.

Noah : Une… Deux…C’est encore plus hot que dans mes livres. Il faut que je trouve un moyen plus efficace pour communiquer avec eux. Barry Cocker a sûrement une solution.

Noah fouille dans son livre.

Théodore : Il a raison. Si on continue à échanger en code morse, ça va prendre une éternité.

Églantine : On a tout notre temps.

Théodore : Mais pas eux. On va passer tout de suite à l’étape suivante.

Églantine : Théodore, non…

Théodore : Qu’est-ce que ça peut changer ? Quoi qu’il arrive, on est coincé dans cette maison pour toujours.

Il s’avance vers Lily et Noah. À partir de ce moment, les fantômes deviennent visibles pour Noah et Lily. Si on a des possibilités techniques, on peut utiliser un éclairage spécial.

Lily : On dirait que j’aperçois une forme.

Elle essaie de crier au secours, mais les sons peinent à sortir.

Noah : Euh… Allo !

Théodore : Bonsoir ! Je m’appelle Théodore. J’espère que je ne vous effraie pas trop.

Lily qui est agrippée à Noah : Euh, non non.

Noah : J’ai toujours voulu entrer en contact avec un esprit.

Théodore : Moi, il y a longtemps que je veux échanger avec des vivants.

Noah : Où est l’autre ?

Théodore : Ma soeur Églantine est un peu… timide. Viens Églantine.

Avec un peu de réticence, Églantine s’avance vers les enfants. Elle leur fait une petite révérence.

Lily : Vous n’allez pas nous faire du mal ?

Théodore : Les fantômes ne sont pas vraiment méchants. C’est surtout qu’ils s’ennuient.

Noah : Vous avez à peu près notre âge et vous êtes… morts.

Théodore : Il nous est arrivé un malheur.

Noah : Ça fait longtemps ?

Théodore : Je suis né en 1864 et ma soeur est plus vieille de deux ans.

Noah : Il y a presque 150 ans.

Lily : Vous êtes donc très vieux.

Églantine : Des jeunes vieux.

Lily : Ta robe est belle.

Églantine : Et toi, pourquoi tu n’en portes pas ?

Lily : Les robes, c’est pour les poupées… et les mariages.

Églantine : Ah bon.

Théodore : La vie est tellement différente maintenant, sauf qu’on peut difficilement s’en rendre compte, car on ne peut pas sortir d’ici.

Noah : Pourquoi ?

Théodore : À vrai dire…

Églantine : Cela ne vous concerne pas.

Noah : Désolé, je suis juste trop curieux.

Théodore : Moi aussi je suis curieux. Il y a tellement de nouvelles choses que je voudrais connaître.

Lily : Est-ce que vous êtes toujours là à nous observer ?

Églantine : Les fantômes sont condamnés à regarder vivre les vivants.

Lily : Ah ! C’est plutôt gênant.

Noah : Donc vous savez ce qui est arrivé au bracelet de Mme Turgeon.

Théodore : C’est monsieur Jasmin qui l’a pris.

Lily : Le propriétaire ?

Théodore : Oui, il n’est pas aussi honnête qu’il en a l’air. D’ailleurs, la clé qu’il porte dans le cou nous appartient.

Tout à coup, venant de nulle part, on entend une voix de femme qui pleure.

Lily : C’est quoi ça ?

Églantine : Maman !

Théodore : Ah non, pas encore.

Églantine : On s’excuse maman, je sais, on n’aurait pas dû. Je t’en supplie, cesse de pleurer.

Les pleurs augmentent en intensité. Églantine et Théodore sont aspirés hors de scène. Lily pousse un grand cri. Alerté, Pierre revient suivi de Katherine.

Pierre : Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi t’as crié Lily ?

Lily : J’ai vu des fantômes.

Pierre : Encore cette histoire !

Katherine : Dis-moi, à quoi ils ressemblent tes fantômes ?

Lily : Un garçon et une fille habillés à l’ancienne ; ils sont toujours ici pour nous espionner.

Pierre sceptique: Vraiment.

Lily : Oui, ils s’appellent Théodore et Églantine et ils ont 150 ans.

Katherine : Ça doit être un mauvais rêve.

Lily : Pas du tout, Noah les a vus lui aussi.

Noah : Non.

Lily : Oui, c’est même toi qui les as appelés.

Noah : T’as vraiment trop d’imagination ma soeur.

Lily : Menteur ! Pourquoi tu dis pas la vérité ?

Noah : Je sais pas ce qui te prend.

Katherine à Lily: Détends-toi. On va aller boire une tisane, j’étais justement en train d’en préparer.

Lily : J’ai pas rêvé. Ils nous ont même appris que c’est monsieur Jasmin qui a volé le bracelet.

Pierre : Bon là, il ne faudrait pas exagérer.

Katherine : Allons boire la tisane. On va discuter de ça tranquillement.

Pierre : Bonne idée.

Ils sortent de scène. Lily regarde Noah avec des gros yeux. Noah, par signe, lui demande de se taire.

Pour obtenir la fin de l’histoire, achetez ce texte de cette pièce de théâtre fantastique

 

Tableau des répliques de la pièce Colocs fantômes

Tableau des répliques par scène et personnage de cette pièce de théâtre fantastique

Je travaille pour une école du Québec

Les écoles publiques et privées qui relèvent du ministère de l’Éducation du Québec peuvent obtenir les textes de théâtre sans frais grâce à un programme de droits de reprographie géré par Copibec.

Il faut une adresse courriel officielle d’un centre de service scolaire ou d’une école privée pour profiter de ce programme. Les élèves ne peuvent demander directement un texte.

Le nombre de pièces auxquelles vous avez droit annuellement peut être limité.

Chaque demande est analysée et vérifiée. Nous tentons de répondre dans un délai de deux jours ouvrables.

Je veux comprendre le droit d’auteur

Il faut d’abord savoir que le droit d’auteur est multiple.

Le droit de reprographie

Lorsque vous distribuez un texte à des comédiens et comédiennes, que ce soit de façon imprimée ou électronique, vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur et payer des droits. En achetant un texte sur notre site Animagination, vous obtenez automatiquement l’autorisation et les droits, mais pour un projet unique. Le projet doit se réaliser dans un contexte amateur ou scolaire. Pour le domaine professionnel, il faut plutôt s’entendre avec l’auteur.

Notez que la procédure est différente pour les écoles du Québec. Consulter la section Je travaille pour une école du Québec.

Le droit de représentation

Que la ou les représentations soient gratuites ou qu’il y ait des droits d’entrée, vous devez vous procurer des droits de représentation pour respecter le droit d’auteur. Il n’existe que deux types d’exception : dans un milieu éducatif où l’audience est composée uniquement d’élèves (aucun parent) et à l’intérieur d’une cellule familiale où aucun étranger n’est invité.

Sur le site Animagination, vous pouvez vous procurer les droits de représentation lors de l’achat du texte ou revenir plus tard lorsque la ou les dates de représentation sont déterminées. Il est fortement conseillé de vous procurer ces droits avant les représentations.

Rappelez-vous que les droits d’auteur sont les seuls revenus de l’écrivain. C’est ce qui lui permet de continuer à écrire de belles histoires pour les jeunes.

Le droit moral

L’auteur a droit au respect de son œuvre. Elle ne peut être modifiée ou adaptée sans son consentement. Cependant, pour les textes du site Animagination vous n’avez pas besoin d’autorisation pour les modifications suivantes : changement d’un nom de lieu, transformation du genre d’un personnage, changement d’une expression qui n’est pas commune à l’endroit où la pièce est présentée. Aussitôt que vous transformez complètement une réplique, vous devez communiquer avec l’auteur.

Pour plus de détails, consultez notre Foire aux questions au bas de chaque page de la section Textes de théâtre.

Ce texte est fortement inspiré d’un feuillet d’information de la Société québécoise des auteurs et autrices dramatiques (SoQAD).