La gang à Bouboul
Pièce de théâtre québécoise de Luc Boulanger
Les personnages
Les jeunes :
Ann-Sophie, la menteuse
Audrey, le p’tit gars manqué
Cynthia, la petite peste
Claudya, la petite puce, amie de Mimi
Danièle, l’espionne
Émile Frenette, le jeune artiste, adepte du patinage artistique
Esthelle, la vendeuse de bebelles
Frédérique, la bonne p’tite fille
Jennyfer, l’apprentie-espionne
Josiane, la bollée, l’internaute
Julie, la gênée, la stessée
Karina, la fille mature, amie de tous
Louis, le mal entendant, distrait
Marie-Lune, la peace and love, la granola
Marie, l’orpheline de père
Mimi, l’autre puce, amie de Claudya
Richard, le pense-bon, un peu baveux
Rosalie, la tripeuse de gars, aime paraître plus vieille
Les adultes :
Normand, le réalisateur du film
Serge, le technicien du film
Lisa, la scriptgirl
Jeanne, la mère monoparentale de Marie
Antoine, le prof d’arts plastiques de Marie, plutôt cool
Claude, l’oncle d’Ann-Sophie
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Scène 1
Richard arrive seul sur scène. Il marche. Il s’arrête. Il regarde sa montre. Il attend.
Richard : Voyons !
Il attend encore.
Richard : Je suppose qu’ils ont décidé d’éviter le terrain vague.
Il attend encore un peu. Émile et Louis arrivent ensemble. Quand ils aperçoivent Richard. Ils retournent d’où ils sont venus.
Richard : Attendez ! Partez pas si vite. J’ai affaire à vous autres mes deux comiques.
Émile et Louis s’arrêtent.
Louis (à Émile) : Je t’avais dit de pas passer par le terrain vague.
Richard arrive près d’eux. Ils se retournent.
Richard : Les Laurel et Hardy de l’école. Ah ! Ah ! Ah ! J’aurais un p’tit service à vous demander. Ah ! Ah ! Hé que vous êtes drôles.
Émile : Qu’est-ce que tu veux ? On est écoeuré de toi ! Laisse-nous tranquilles !
Richard prend Émile par le collet.
Richard : Écoute-moi bien minus. Je vais vous donner mon livre de math pis vous allez m’écrire les réponses des problèmes que le prof nous a donnés à faire.
Louis : Quoi ? Le prof nous a pardonné des affaires !
Richard : Non ! Allume tes appareils zoreilles. Les problèmes que le prof nous a donnés à faire. (il lui crie dans les oreilles) T’entends-tu ?
Louis : Ayoye !
Audrey et Julie entrent en scène.
Audrey : Aie Allard ! Laisse-les tranquille !
Richard : Quoi ? On bavardait entre amis. Pas vrai les gars ?
Louis et Émile : Euh!!
Audrey : Non ! Non ! Je t’ai vu en train de les menacer. Tu t’en prends toujours aux plus petits que toi.
Richard : Parle pour toi. T’es plus grande que moi !
Audrey : Pour une fille, je pense que je peux me permettre ça. Vous pouvez y aller les gars. S’il s’en prend encore à vous autres, avertissez-moi ! (à Richard) Scram Allard, on ne veut plus te voir.
Richard : Le terrain vague est à tout le monde. J’ai le droit de rester si je le veux.
Audrey : Ben, va polluer l’air un peu plus loin.
Richard se met en retrait.
Julie : Louis ! As-tu tes billes avec toi ?
Louis qui n’a pas compris : Quoi ?
Émile : As-tu tes billes avec toi ?
Louis : Euh oui ?
Julie : J’ai deux patates-carafe à échanger.
Émile : Montre-nous ça.
Émile, Louis et Autres se placent en arrière. Marie, Rosalie et Karina entrent et se dirigent vers Audrey.
Marie : Salut Audrey !
Audrey : Salut gang !
Karina : Qu’est-ce que tu fais à soir ?
Audrey : Rien de spécial.
Marie : Ça me fait penser Rosalie, qu’est-ce que t’as fait hier ? Je t’ai appelée pis ta mère m’a dit que t’étais déjà partie.
Rosalie : Hier, je suis allée patiner à roulettes. J’ai rencontré un gars : blond, les yeux bleus, (elle insiste) pas un bouton !
Karina : Comment il s’appelle ?
Rosalie : Jean-François Martineau.
Marie : Jeff Martineau, mais yé con ce gars-là. J’ai un cours avec lui.
Rosalie : De toute façon, tous les gars sont cons. L’important, c’est qu’ils soient beaux.
Karina : C’est sûr. Tu changes à tous les trois jours. Tu collectionnes les mecs. Ça a pas d’importance pour toi l’intelligence.
Rosalie : Y a tellement de choses qui ont plus d’importance.
Claudya et Mimi arrivent
Claudya : Rosalie ! Rosalie ! Attends-nous !
Rosalie, à Claudya : Qu’est-ce que tu veux encore ?
Claudya : Maman a dit qu’il fallait que tu t’occupes de nous.
Rosalie : Ah !
Marie : T’es chanceuse Rosalie d’avoir deux petits chiens de poche.
Karina : Arrêtez-donc, sont « cute » au boutte ces p’tites filles-là. J’aurais donc aimé ça avoir une p’tite soeur à chouchouter.
Claudya : Moi aussi, j’aimerais ça avoir une grande soeur comme toi.
Rosalie : Je peux ta louer pas cher, vraiment pas cher…
Les filles continuent à parler entre elles, mais l’attention se dirige vers Cinthia, Josiane et Frédérique qui entrent en marchant et vont s’asseoir.
Cinthia : Armand, Armand, je suis vraiment à bout de lui
Frédérique : Pour nous autres, Gisèle est correcte. Pas vrai Josiane ?
Josiane : C’est vrai. T’sais, un prof, c’est un prof. Faut que ça donne des cours et des devoirs. Sinon, qu’est-ce que ça leur donne d’être des profs ?
Frédérique : Faut-bien qui gagnent leur paie. C’est comme les parents. Y faut que ça dise d’aller faire tes devoirs, de te laver, de te coucher, de faire-ci, de faire-ça. C’est dans eux-autres.
Cinthia : N’empêche que les adultes sont tous sur mon dos. Mon prof, mes parents. Je suis assez tannée. Armand m’a encore donné une copie.
Frédérique : Ben, ça l’air que tu t’es énervée pendant le cours d’éduc et que t’as cassé deux raquettes de badminton.
Josiane : Pauvre Cinthia ! T’as vraiment rien compris aux adultes ! L’important, c’est l’apparence. C’est simple. Quand, ils sont là, tu fais ce qu’ils te demandent. Quand ils sont partis, tu fais ce que tu veux.
Cinthia : Ouïn !
Frédérique : Mes parents me disent : Frédérique, c’est une petite fille responsable. Est capable de se garder toute seule. Je leur dis « Bien sûr ». Ils s’en vont et là, je suis libre.
Danièle et Jennifer entrent.
Danièle : Y faut toujours regarder derrière soi pour voir si on est suivi. C’est la première règle de l’agent secret.
Jennifer : Ah ouïn !
Danièle : Y faut pas non plus que tu regardes toujours dans ton dos. Tu protèges tes arrières discrètement. Un bon truc, c’est de se servir des reflets dans les vitres. Tu te promènes, tu fais semblant de regarder dans les vitrines, les fenêtres de voiture. Je me suis même acheté une paire de lunettes avec des petits miroirs sur les côtés pour voir si quelqu’un me suit.
Jennifer : Qui est-ce qui pourrait bien nous suivre ?
Danièle : Des méchants, des maniaques, des enleveurs d’enfants, des trafiquants d’esclaves, des espions, des détectives privés, des terroristes, des agents du FBI.
Jennifer regarde derrière elle.
Danièle : Est-ce que t’as fait l’enquête que je t’avais demandée ?
Jennifer : Oui ! J’ai demandé à mon père des informations sur le terrain vague. Il m’a dit qu’il n’en savait pas beaucoup plus que moi. Quand il était petit, lui aussi il venait jouer ici avec ses amis après l’école.
Danièle : C’est un peu décevant !
Jennifer : Attends un peu. J’ai pas fini. Pour en savoir plus, j’ai téléphoné à mon grand-père. D’après lui, le terrain aurait appartenu à une vieille famille riche anglaise. Avant, ici, il y avait une grande villa, en pleine campagne. Un jour, on ne sait pas pourquoi, la famille a disparu. On a trouvé la maison vide. Et les parents de cette famille disparue ont jamais voulu vendre le terrain.
Danièle : C’est ce qui expliquerait pourquoi on a un aussi grand terrain vague en pleine ville. C’est intéressant…
Jennifer : Pourquoi t’avais besoin de ces informations là.
Danièle : Ça, c’est top secret !
Ann-Sophie et Marie-Lune entrent et viennent s’asseoir en avant. Julie vient se joindre à elles.
Ann-Sophie : Fa que là, « The destructor » lui a fait la prise de l’ours et le gros « Mobby Dick » s’est retrouvé au plancher, mais y s’est relevé pour lui donner un coup de boule.
Julie : Moi, je l’aime pas « The destructor ». Il est trop fendant. Qu’est-ce que t’en penses Marie-Lune ?
Marie-Lune : Ben, je le sais pas.
Ann-Sophie : Elle ne le sait pas parce que ses parents ne veulent pas qu’elle regarde la lutte. Ils disent que c’est trop violent.
Marie-Lune : C’est vrai que c’est violent.
Julie : Voyons ! Y se battent pas pour vrai. Tout le monde sait ça.
Marie-Lune : Oui, mais….
Ann-Sophie : Même le sang, quand ils se donnent des coups de chaise sur la tête, c’est pas du vrai sang.
Marie-Lune : Que se soient des vrais coups ou des faux coups, c’est violent !
Ann-Sophie : Où tu vas ? C’est drôle, pis c’est toute. Je suis certain que si tes parents te laissaient regarder la lutte, t’aimerais ça.
Marie-Lune : Je le sais pas…
Julie : Écoute, j’enregistre tous les matchs qui passent. T’as juste à venir chez-nous. Je vais t’en montrer.
Marie-Lune : Non, j’aime mieux écouter des émissions plus enrichissantes.
Ann-Sophie : Enrichissantes ! Comme quoi ? Des émissions de culture comme « La semaine verte ». Cette semaine : « La culture des tomates hydroponiques dans le rang trois de Ste-Flavie ».
Marie-Lune : Pensez ce que vous voulez. S’il y avait moins de violence à la télé, y aurait plus de paix dans le monde.
L’attention revient vers Karina et son groupe. Mimi regarde au loin et tire sur la manche de Rosalie.
Rosalie : Mimi, veux-tu arrêter !
Mimi : Ben, c’est parce que j’ai quelque chose d’important à te dire.
Marie : C’est pas poli d’interrompre les gens qui parlent.
Mimi : Ben, ça va être vous-autres les pires.
Karina : Qu’est-ce qu’il y a ma belle Mimi ?
Mimi : Regardez là-bas, Estelle s’en vient ! Je pense qu’elle a des bébelles à nous vendre.
Karina : Estelle s’en vient !
Les autres personnages présents sur scène vont répéter cette phrase. Ensuite, c’est la panique, tout le monde court dans tous les sens jusqu’à ce que Karina monte sur un cube pour parler.
Karina : Il faut quitter le navire. Pas de panique, les femmes et les enfants d’abord. On se retrouve après-souper pour une partie de cachette ou un autre jeu. Bonne chance !
Tous les personnages quittent la scène. Estelle arrive seule dans cette pièce de théâtre québécoise.
Estelle : Youhou ! Où est-ce que vous êtes cachés. Arrêtez, c’est pas gentil. J’ai des calendriers à vendre pour les scouts. C’est juste quatre piastres. Voulez-vous tu en n’acheter ? Ah ! Pourquoi tout le monde se sauve toujours de moi.
Elle part.
Scène 2 de cette pièce de théâtre québécoise
Normand, Lisa et Serge font leur entrée.
Normand : Wow ! C’est encore mieux que je pensais. Exactement ce que je cherchais. Un terrain vague avec des grandes barrières, des ruines envahies par la verdure et au fond, la silhouette des grands édifices. C’est parfait pour la scène finale. Lisa, prends en note le plus de détails possibles.
Lisa : Oui ! Oui !
Serge : Je vais m’occuper des autorisations de tournage. Je me demande à qui ça peut bien appartenir ce terrain-là ?
Normand : Ce film va s’intituler « Panique au centre-ville ». Il va y avoir des poursuites en camion, des fusillades et une demande de rançon par des terroristes.
Serge : Juste pour une fois, on pourrait pas faire quelque chose de différent, un film plus profond !
Normand : Plus profond, oui… T’as raison. Lisa ! Note-ça. Idée : un film qui se déroule au fond de la mer avec des requins qui gardent un trésor. Titre provisoire : les dents de la mort.
Serge : C’est pas de ce « profond » là que je voulais parler.
Normand : Ah ! De quoi tu voulais parler d’abord? Des profondeurs de la terre ?
Serge : Laisse faire, je démissionne !
Normand : Sans blague, j’ai besoin de toi. Les producteurs ont mis beaucoup d’argent sur ce film-là.
Serge : Écoute, on a produit « La revanche des Ninjas », « Godzilla contre-attaque », puis « Les Ninjas contre Godzilla ». Ça a jamais marché !!
Normand : Là, ça va marcher. Je sens que je tiens quelque chose.
Serge : O.K. d’abord, j’aurai essayé.
Normand : Parfait ! Maintenant, il faudrait prendre les mesures.
Serge : Oups ! J’ai oublié mon gallon à mesurer.
Normand : De toute façon, il faut revenir demain. On fera ça à ce moment-là.
Serge : OK Boss !
Normand : Lisa, viens avec moi !
Ils sortent. Fin de la scène de cette pièce de théâtre québécoise.
Scène 3
Marie-Lune et Josiane arrivent en jasant.
Marie-Lune : Samedi soir, j’ai tellement trippé. Jimmy, un ami à ma mère, avait amené sa guitare. Y’est tellement beau Jimmy avec ses grands cheveux longs pis sa grosse barbe.
Josiane a l’air sceptique.
Marie-Lune : On s’est réuni dans le salon communautaire et on a chanté toute la soirée.
Josiane : Vous avez chanté quoi ?
Marie-Lune : Du Harmonium, du Beau Dommage, du Simon and Garfunkgel, les Beatles… Tous les vrais bons groupes.
Josiane : J’ai déjà entendu parler de ces groupes-là, mais je ne les connais pas vraiment.
Marie-Lune : Tu sais pas ce que tu manques.
Josiane : Ça doit être bizarre de vivre dans ta coopérative, un paquet de monde ensemble, toute collé.
Marie-Lune : C’est ça qui est trippant. On partage plein de choses. Juste au niveau matériel, on fait des économies. En ayant rien qu’une cuisine, on a besoin de rien qu’un poêle, rien qu’un blender, rien qu’une série de chaudrons…
Josiane : Mangez-vous tous dans la même assiette ?
Marie-Lune : Ah ah ! Non !
Josiane : Ça doit pas être drôle quand c’est l’heure du bain ? Ah, c’est vrai, vous vous lavez pas !
Marie-Lune : T’es vraiment pleine de préjugés. On se fait des horaires et on prend notre bain chacun notre tour.
Josiane : Je pensais que vous le preniez tous ensemble, ah ! ah ! Toute la gang dans le bain ah ! ah ! Avec Jimmy pis sa guitare ah ! ah !
Marie-Lune : T’es méchante !
Josiane : C’est juste pour rire.
Marie-Lune : Ça paraît que tu ne connais pas le plaisir de faire partie d’une communauté.
Josiane : Je m’excuse, mais je fais partie d’une communauté !
Marie-Lune : Toi, tu fais partie d’une communauté !
Josiane : Oui madame !
Marie-Lune : De quelle communauté tu fais partie d’abord ?
Josiane : De la communauté des internautes.
Marie-Lune rit de surprise dans cette pièce de théâtre québécoise.
Marie-Lune : C’est pas une communauté, les internautes.
Josiane : Certain ! Tous les samedis soir, on fait du CHAT (prononcer tchatte). On est des gens de plusieurs pays qui communiquent ensemble par ordinateur. C’est une communauté mondiale ma communauté.
Marie-Lune : Vous partagez quoi ?
Josiane : On fait juste jaser. Le contact avec d’autres cultures, c’est vraiment enrichissant. Les dimanches matin, mon père joue aux échecs avec un allemand. Tu imagines, n’importe qui sur la planète peut devenir ton ami.
Marie-Lune : C’est ben le fun, tu communiques avec une personne qui demeure à l’autre bout de la planète, mais tu parles jamais avec les gens qui restent à côté de chez-vous. Bel avenir : on va tous se parler par ordinateur.
Josiane : On ne se parle pas juste par ordinateur. Un mardi par mois, on se rencontre, une gang d’internautes, dans un restaurant. On mange ensemble, on s’échange des trucs, des logiciels.
Marie-Lune : Moé, je trouve que tu mènes une vie « programmée »
Josiane : Toi, tu vis dans le passé.
Estelle arrive en courant, essoufflée. Elle s’adresse aux deux.
Estelle : Enfin, je vous cherchais partout. Je sais pas ce qui se passe, on dirait que tout le monde est sorti. J’ai vu personne de la gang. Si j’étais paranoïaque, je dirais que vous vous sauvez tous de moi.
Marie-Lune : Je vais être franche avec toi, c’est vrai, tout le monde se sauve de toi.
Estelle : Hein ! Mais pourquoi ?
Josiane : C’est simple : T’as toujours quelque chose à nous vendre. On est tanné !
Estelle : Ben j’ai juste 40 calendriers à vendre pour les scouts.
Marie-Lune : Pis la semaine passé, c’était des « pines » pour ton club de natation.
Josiane : La semaine avant, du pain pour une sortie de ta classe.
Marie-Lune : Quand c’est pas un marchothon pour les gens en chaises roulantes ou du chocolat pour les enfants qui meurent de faim en Afrique.
Josiane : Tu devrais peut-être vendre des parapluies pour les sans-abris.
Marie-Lune : Ou faire un quillothon pour ceux qui ont perdu la boule.
Estelle : C’est correct ! J’ai compris. Je vais arrêter de vous achaler avec ça.
Josiane : J’espère, parce que mon budget pour les dons est défoncé. (Elle montre sa poche vide)
Marie-Lune : Tu devrais donner des reçus de charité.
Estelle : C’est beau, je comprends. Je vais me trouver d’autres clients. Je ne sais pas qui encore…
Josiane : T’as pas des mononcles et des matantes.
Estelle : Eux-autres aussi me trouvent fatiguante avec mes affaires à vendre.
Marie-Lune : T’as juste à pus n’en vendre.
Estelle : Ben j’aime ça les activités, moi. J’aime ça être dans toutes sortes de groupes. Pis pour faire partie des activités, y faut vendre !
Marie-Lune : Relaxe, profite plus de la vie. Tu fais trop d’activités. Consacre-toi à une et mets-y toute ton énergie.
Estelle : Je ne suis pas capable, y’a trop de choses qui m’intéressent.
Josiane : C’est toi la pire !
Marie-Lune : Voyons, qu’est-ce qu’a fait Ann-Sophie ? Elle nous avait dit qu’elle viendrait nous rejoindre ici. Elle est encore en retard.
Estelle : Faites-vous en pas, elle va vous inventer une bonne défaite.
Josiane : Pour ça, c’est la championne.
Audrey et Marie arrivent ensemble. Elles aperçoivent Estelle.
Marie : Qu’est-ce qu’elle fait là elle ?
Estelle : C’est beau, j’ai compris, j’essayerai plus de vous vendre plein de choses. À moins que ça vous tente d’acheter des calendriers scouts à quatre dollars.
Marie-Lune : Estelle !
Estelle : Ben, tout d’un coup qu’elles en auraient voulu.
Audrey : On en veut pas de tes bebelles.
Ann-Sophie arrive.
Ann-Sophie : Excusez-moi d’être en retard, ma mère m’a obligée à faire la vaisselle avec elle avant d’aller jouer.
Audrey : C’est vrai ce mensonge ?
Ann-Sophie : Je vous le jure. Je suis assez tannée.
Marie : Ah ! Moi, je te comprends. Il faut que je fasse la chambre de bain deux fois par semaine pour aider ma mère.
Audrey : Moi, il faut que je sorte les vidanges, que je change la litière du chat pis que je pelte l’hiver et que je passe la tondeuse l’été pour mériter mon beau cinq piastres par semaine.
Josiane : C’est important les tâches. Tout le monde doit faire sa part dans une maison.
Marie-Lune : Nous autres dans notre coopérative, on a un gros tableau où les tâches sont réparties. On change à chaque semaine, c’est plaisant. Des fois, on fait des grosses corvées tout le monde ensemble.
Estelle : Moi aussi faut que je fasse la chambre de bain. Mon père dit ; »Il faut que tu donnes un coup de main à ta mère ». Mais lui, il laisse tout traîner. Y nettoie jamais son bain. Y laisse des cheveux pis des poils de barbe partout et en plus y change jamais le rouleau de papier de toilette. D’après moi, y pense qu’il en pousse tout le temps.
Audrey : Mon père est pareil. On est toute une gang de filles à la maison. Je vous dis que monsieur est habitué de se faire servir. Y regarde la télé le soir et il laisse traîner ses chips, sa tasse de café, son linge. Quand il arrive de travailler, y a juste à s’asseoir et il est servi.
Ann-Sophie : Y’est gâté-pourri !
Audrey : J’espère ! L’autre jour, on lui a joué un tour. On l’a fait poireauter quinze minutes à table avant de le servir. Ben monsieur c’est même pas levé une fois pour voir ce qu’il y avait dans les chaudrons. Y aurait eu juste à s’étirer les bras.
Josiane : Y’est paresseux !
Audrey : On l’aime comme ça. De toute façon, y nous gâte tout le temps. Y nous amène au restaurant, au cinéma, y fait son gentleman avec ses trois filles et sa femme. J’adore ça.
Estelle : Il se laisse peut-être traîner mon père, mais je l’aime beaucoup. Je rêve d’avoir un cheval. Depuis que mon père sait ça, il m’emmène souvent faire de l’équitation. Je suis tellement contente.
Josiane : Mon père passe plein d’heures avec moi sur l’ordinateur. Il me montre plein de choses qu’il connaît. Y est très savant mon père.
Marie-Lune : Moi, dans la coopérative, j’ai comme plein de pères. Quand j’ai le goût de me coller un peu pour regarder la télé, j’ai toujours un père à ma disposition. Toi Marie, qu’est-ce qu’il fait de spécial pour toi ton père ?
Marie : Ben, c’est que…
Petit temps dans cette pièce de théâtre québécoise.
Audrey : C’est que Marie a pas de père.
Marie-Lune : Excuse-moi, je ne savais pas.
Marie : C’est pas grave.
Marie-Lune : Je suis vraiment désolée.
Ann-Sophie : Moé mon père, y a une grosse compagnie qui vaut des millions et un jour il va me la donner, il me l’a dit.
Marie-Lune : Une compagnie qui vaut des millions !
Ann-Sophie : C’est vrai. Ça c’est sans compter les placements que je vais pouvoir toucher à dix-huit ans.
Marie-Lune : Qu’est-ce que vous faites dans un quartier comme le nôtre si vous êtes millionnaires ?
Audrey : Ouin, c’est vrai ça !
Ann-Sophie : Ben.. c’est parce qu’on a deux maisons. Une ici et une autre à Cap-Rouge.
Esthelle : Vous y allez pas souvent !
Ann-Sophie : On vient juste de l’acheter.
Marie-Lune : Arrête de conter des menteries, on le sait que c’est pas vrai.
Ann-Sophie : Je vous le jure.
Audrey : On te croit pas. Voyons deux maisons.
Ann-Sophie : Ben si vous me croyez pas, je m’en vais.
Audrey : Ben c’est ça, va-t’en. On se tient pas avec des menteuses.
Ann-Sophie : Salut d’abord, vous me reverrez plus jamais.
Marie-Lune : Un autre mensonge !
Ann-Sophie s’en va fâchée. Petit froid.
Audrey : Bon ! On devait aller jouer avec Ann-Sophie au Nintendo 64. Y parait qu’elle en a trois. Je pense qu’on s’était fait avoir.
Josiane : J’ai des nouveaux jeux sur mon ordinateur. On peut peut-être aller chez nous. Je vais demander à ma mère. Ça vous tente-tu ?
Marie-Lune, Audrey et Estelle : oui !
Marie : Je pense que j’irai pas. Ça me tente pas.
Marie-Lune : Envoye-donc Marie, je m’excuse encore pour tout à l’heure, viens donc.
Marie : Je comprends, mais j’ai le goût d’être toute seule.
Marie-Lune : Si t’as besoin, t’as juste à m’appeler, Audrey a mon numéro.
Marie : OK.
Marie s’en va d’un côté et les autres filles, de l’autre.
Scène 4 de cette pièce de théâtre québécoise
Frédérique et Julie arrivent en jasant.
Fred : Tu t’es-tu trouvé un sujet pour passer à l’oral demain matin ?
Julie : Non, T’sais moi je suis gênée de parler devant les autres. Je ne sais pas quoi dire.
Fred : Moi, je vais donner mon opinion sur les coupures d’argent dans le système de santé.
Julie : J’ai pas d’opinion sur rien. Juste à penser que j’ai un oral à faire demain matin, ça me stresse. Je ne vais pas dormir de la nuit.
Fred : Justement, il faut pas que tu y penses trop. Tu te dis que tu vas être capable.
Julie : Je serai jamais capable.
Fred : Attend, je vais t’aider, on va te trouver un sujet. Tu pourrais parler des OGM.
Julie : J’en ai ben entendu parler, mais je sais pas c’est quoi.
Fred : C’est un sujet qui nous touche tous. Un OGM, c’est un organisme génétiquement modifié. Y a des grosses compagnies qui transforment les animaux et les plantes pour qu’ils grossissent plus rapidement, pour qu’ils soient plus nourrissants. Mais, on a aucune idée des effets que ça peut avoir sur notre organisme. Tout d’un coup qu’on se ramasse avec un bras dans le front.
Julie : C’est épeurant. Tu me stresses encore plus.
Fred : Tu stresses tout le temps, toi.
Julie : Ben y a plein de choses stressantes autour de nous : l’école avec les devoirs, les activités. En plus, je passe la semaine chez ma mère, la fin de semaine chez mon père. Envoye par-ci, envoye par-là.
Fred : C’est vrai. On n’arrête jamais. Mes parents sont encore ensemble, mais avec leurs horaires de travail, c’est ben rare que je les vois en même temps.
Julie : Je suis tellement stressée que je fais de l’eczéma. Regarde, j’en ai partout autour des doigts.
Fred : Je l’ai le sujet de ton oral ! T’as juste à parler du stress qu’on vit.
Julie : Ah oui ! Peut-être !
Fred : C’est un sujet parfait pour toi. Tu vas savoir quoi dire.
Richard Allard surgit.
Richard : Qu’est-ce que vous faites ? De quoi vous parlez ?
Fred : On parle des choses qui nous stressent… comme toi par exemple !
Richard : Chus stressant moé ?
Julie : Certain, monsieur pense bon… avec ton hockey pis tes gros bras.
Richard : J’avoue qu’un beau gars comme moé avec plein de talents ça peut être stressant pour les autres. Qu’est-ce que vous voulez ? Je suis fait de même.
Fred : C’est ça le problème.
Richard : Ça vous intéresse pas de savoir que j’ai réalisé un tour du chapeau hier soir dans notre victoire de 4-1 contre St-Georges.
Julie : Ça nous intéresse pas pantoute.
Richard : C’est dommage, vous savez pas ce que vous manquez. Excusez-moi, y a du monde pas mal intéressant qui s’en vient. Rosalie ! Karina ! Attendez-moi !
Richard se dirige vers Rosalie et Karina qui entrent en scène dans cette pièce de théâtre québécoise.
Rosalie : Salut Richard !
Richard : Rosalie, as-tu vu la game hier soir ?
Karina : On a assisté à tes exploits.
Richard : Pis, m’as-tu trouvé bon ?
Rosalie : J’avoue que tu m’as pas mal impressionné.
Richard : C’est vrai ?
Rosalie : Sûr !
Richard : Quand j’ai compté mon troisième but, j’ai gardé la puck pour te la donner. Veux-tu que j’aille la chercher ?
Karina et Rosalie se regardent en riant.
Rosalie : Si tu veux !
Richard part comme une balle.
Karina : J’pense qu’il a un p’tit kick sur toi.
Rosalie : Ça se pourrait bien, oui !
Karina : Tu le trouves pas un peu trop jeune ! D’habitude, tu sors avec des gars ben plus vieux que toi.
Rosalie : C’est sûr qu’il est jeune, mais il a du bon potentiel. Peut-être que plus tard… on sait jamais.
Karina : Tu te gardes des réserves. T’es incroyable.
Rosalie : Quoi ?
Karina : Les gars font la file pour sortir avec toi. Tu devrais te faire une liste d’attente.
Rosalie : Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Karina : Moi, c’est jamais les bons gars qui s’intéressent à moi pis ceux qui m’intéressent sont déjà pris ou bien ça leur tente pas.
Rosalie : C’est simple, il s’agit d’attendre et de les laisser venir. J’ai compris ça le jour où mon père m’a amené à la pêche. Tu lances un appât pis les poissons courent tous après l’appât. Il suffit de tendre la ligne au bon moment.
Karina : Pour toi les gars, c’est tous des poissons. Belle image !
Rosalie : Ben non, c’est juste une comparaison. Je voulais seulement te dire de ne pas te fatiguer à courir après les gars. Ils vont venir d’eux-mêmes.
Karina : À voir Richard courir, on peut dire que ça marche ton truc !
L’attention retourne vers Frédérique et Julie. Émile vient se joindre à elles.
Julie : Aie, salut Émile ! Pis ta compétition de patin ?
Émile : J’ai gagné la médaille d’argent.
Fred : Super ! Ça doit te faire un paquet de médailles.
Émile : Je le sais pas, je les compte plus.
Julie : J’aimerais ça être bonne comme toi en patin. Comment tu fais ?
Émile : Rien de spécial, je m’entraîne beaucoup.
Fred : Faut dire que t’as un talent naturel.
Émile : Disons que j’aime ça pis quand t’aime ça, ça devient comme facile.
Fred : Ça a l’air que tu vas aller à une école spéciale l’année prochaine.
Émile : Je vais aller en sport-études. Mais c’est pas certain encore, il faut que j’améliore mes maths pour être accepté.
Julie : Y en a qui ont tous les talents : le patin, le dessin, la peinture…
Émile : Mes parents m’ont toujours inscrit à plein d’activités.
Fred : T’es pas tanné d’être toujours occupé.
Émile : C’est sûr que des fois je suis fatigué, sauf que je me dis qu’il faut préparer son avenir.
Julie : Moé, je trouve ça stressant l’avenir. On arrête pas de nous parler d’avenir.
Émile : L’avenir, ça m’intéresse beaucoup. Dans l’avenir, on va faire des voyages dans l’espace, avoir des robots pour nous servir.
Frédérique : T’as l’imagination fertile !
Émile : L’imagination, c’est mon fort !
Julie : Moé, je pense plutôt que dans l’avenir, on va manquer d’air parce qu’on va l’avoir tout pollué. L’eau va être toute sale et les animaux vont tous mourir.
Émile : Tu es ce qu’on appelle une optimiste ! Moi, je pense qu’on a un bel avenir devant nous.
L’attention revient vers Karina et Rosalie.
Karina : Qu’est-ce que tu vas faire plus tard, toi, Rosalie !
Rosalie : Je le sais pas, je pense pas ben ben à ça.
Karina : Moi je sais que je veux aller à l’université, mais je sais pas en quoi.
Rosalie : Moi, je demande si je vais terminer mon année à l’école.
Karina : Tu vas lâcher l’école !
Rosalie : Ça mène à rien l’école. Je suis juste en secondaire deux et j’ai l’impression que ça va jamais finir.
Karina : Ben voyons Rosalie, si tu vas pas à l’école, tu vas rien faire dans la vie.
Rosalie : Justement, j’ai le goût de rien faire aussi.
Karina : Comment tu vas faire pour vivre.
Rosalie : Y a plein de mecs qui vont être prêts à me faire vivre.
Karina : C’est vrai, j’aurais dû y penser.
Richard Allard revient avec sa puck dans cette pièce de théâtre québécoise.
Richard : Tiens Rosalie, j’ai compté les trois buts en ton honneur.
Les filles rient un peu. Rosalie prend la puck.
Karina : Toi, Richard, qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?
Richard : Je veux jouer dans la Ligue nationale de hockey.
Karina : Me semble que t’es un peu petit pour ça.
Richard : Mon père mesure six pieds, vous allez voir, je vais grandir.
Karina : Je pense que t’aurais avantage à grandir, dans tous les sens du terme.
Richard : Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Karina : Laisse faire, je me comprends.
Rosalie : Mais si jamais, tu ne deviens pas joueur de hockey, qu’est-ce que tu vas faire ?
Richard : Je le sais pas. Je n’y ai pas vraiment pensé. Peut-être chauffeur de van comme mon oncle ou opérateur de machinerie lourde comme mon père.
Karina : Oui, la machinerie lourde, ça te va bien.
Tout d’un coup, Richard aperçoit Émile.
Richard : Ah ben, si c’est pas la tapette en patin qui est là.
Émile : Ah non ! Pas encore lui.
Richard : Oyé Oyé tout le monde ! Venez voir la grande tapette en patin ! Approchez ! Approchez !
Tous les autres personnages de la pièce arrivent en scène.
Richard : La grande folle du patinage artistique pourrait-elle nous faire l’honneur de nous présenter une de ces formidables stépettes ?
Tout le monde, sauf Fred et Julie, rit.
Émile : T’as pas rapport Allard. C’est pas parce que je fais du patinage artistique que je suis une tapette.
Richard : J’aimerais ça te voir dans ta belle robe rose de patin.
Frédérique : T’es con. Les gars patinent en pantalon.
Richard : C’est vrai, des beaux pantalons ben serrés, c’est cute.
Émile : Toi, Allard, t’écoeure toujours les autres.
Richard : J’aime pas les fefis, c’est toute. C’est pas normal des fefis. T’es rien qu’un fefi. (Il se met à crier) Fefi, fefi, fefi…
Et tous les autres continuent : Fefi, fefi, fefi…
Frédérique : OK, c’est assez !
Richard est crampé de rire. Il se dirige vers Rosalie et Karina. Les autres personnages (sauf Émile, Julie et Frédérique ) retournent en coulisse.
Richard : Aie, je te dis que je l’ai pas manqué, hein !
Pas impressionnée du tout, Rosalie hausse les épaules.
Karina : Je trouve pas ça correct d’essayer de se montrer bon en rabaissant les autres.
Karina et Rosalie s’en vont.
Richard : Où vous allez ? Attendez-moi !
Richard s’en va aussi. L’attention revient vers Émile, Julie et Frédérique.
Fred : Tu parles d’un con. Émile, faut que tu fasses quelque chose.
Julie : Y a rien à faire ! T’essaye de l’éviter, c’est toute.
Émile : Qu’est-ce que tu veux que je fasse, y’est deux fois plus gros que moi.
Fred : Tu devrais en parler à quelqu’un, tes parents, un prof…
Émile : Pis après, il va me sacrer une volée parce que je l’ai stoolé.
Fred : Non, il faut pas que tu te laisses influencer par ses menaces. Il faut que tu te plaignes !!!
Émile : Je vais essayer !
Ils quittent la scène de cette pièce de théâtre québécoise.
Scène 5 de cette pièce de théâtre québécoise
La scène se déroule chez Marie. On modifie l’éclairage pour signifier que l’action se déroule dans un autre lieu. Jeanne est en train de se brosser les cheveux.
Marie : Maman !
Jeanne : Bonyeu Marie ! Tu m’as fait faire un saut.
Marie : Maman, j’aurais quelque chose à te demander.
Jeanne : Quoi ?
Marie : Ben.. Mon père, t’aurais pas une idée où est-ce que je pourrais le trouver ?
Jeanne soupire.
Jeanne : On en a déjà parlé, ma grande. J’ai jamais resté avec ton père. Je te l’ai dit.
Marie : Mais, y doit bien être quelque part. On sait son nom, on pourrait au moins le chercher.
Jeanne : Pourquoi faire ?
Marie : Toutes les autres filles ont un père. Pas moi ! Peut-être qu’il serait content de me voir. Peut-être qu’il voudrait s’occuper de moi !
Jeanne : Qu’est-ce que ça te donnerait de plus ?
Marie : Un père !
Jeanne : Ben Roch est là pour s’occuper de toi !
Marie : Roch, c’est ton chum, pas mon père.
Jeanne : Peut-être qu’il pourrait remplir le même rôle, tu fais comme s’il n’existait pas.
Marie : Quand il vient ici, c’est pour toi, pas pour moi. C’est pas quelques soupers au restaurant pis des tours de moto qui en font mon père. Ça prend plus que ça !
Jeanne : Je sais pas quoi te répondre. Qu’est-ce que tu veux au juste ? Qu’on sorte plus !
Marie : Non, c’est pas ça !
Jeanne : Je me tue à travailler. Je fais des heures supplémentaires pour qui te manque de rien. Tout ce que tu me demande, je te l’achète.
Marie : C’est l’amour d’un père que je veux pis ça tu pourras pas me l’acheter nulle part !
Marie part subitement. Jeanne a un soupir de découragement.
Scène 6 de cette pièce de théâtre québécoise
Nous sommes de retour au terrain vague. Claudya et Mimi arrivent seules sur scène. Elles sortent un grand élastique.
Claudya : Tiens on va l’accrocher ici.
Mimi : C’est moi qui commence.
Claudya : Ah !
Mimi : Quoi ?
Claudya : C’est toujours toi qui commence !
Mimi : Ben, c’est moi qui a eu l’idée de jouer à ça.
Claudya qui abandonne : OK d’abord.
On entend une musique de James Bond. Danièle et Jennifer surgissent et se promènent comme des espions. Elles vont se placer plus en avant-scène.
Jennifer : Qu’est-ce qu’on fait là ?
Danièle : On pratique notre technique de camouflage.
Jennifer : Pourquoi faire ?
Danièle : Il faut savoir passer inaperçu. D’ailleurs, je t’avais dit de mettre des couleurs sombres. Il faut être comme des caméléons.
Jennifer : Je trouve ça lette du brun pis du noir moi ! À part de ça, dans les films, James Bond est toujours bien habillé.
Danièle : C’est sûr, c’est du cinéma. Moi je te parle de la réalité.
Jennifer : De la réalité ?
Danièle : OK, il faut se rendre jusqu’au mur là-bas sans être vues.
La musique de James Bond recommence et ils repartent.
Claudya : À quoi elles jouaient tu penses ?
Mimi : Je le sais pas, c’est des grands, sont capotés dans tête.
Claudya : Les grands sont vraiment bizarres.
Mimi : On dirait qu’ils se souviennent plus qu’ils ont été petits un jour.
Claudya : C’est vrai ! Ma grande soeur devrait être contente de m’avoir. Ben non ! Est tout le temps sur mon dos. Juste à matin, je me lève, j’ouvre la télé. Là, elle arrive pis elle change de poste sans me le demander. T’sais !
Mimi : Ah oui ! Pis après ça, ça met de la musique de papoux à tue-tête dans maison.
Claudya : D’la musique de papoux ?
Mimi : C’est mon père qui appelle ça de même !
Claudya : Mon père, lui, y dit que c’est de la musique de brang-brang.
Mimi : En tout cas, quand je vais être grande, je vais m’en occuper des p’tites, moé !
Elles continuent à jouer aux élastiques. Louis et Cinthia entrent et vont se placer en avant.
Louis : Là, y a un gars qui s’est mis à jouer du violon, mon grand-père adorait le violon et tout le monde s’est mis à pleurer.
Cinthia qui parle fort : Tout le monde s’est mis à pleurer ?
Louis : Oui… c’est parce que mon grand-père était mort.
Cinthia : Toi, tu pleurais-tu ?
Louis : Ben, un peu.
Cinthia : Je suis certaine que tu braillais comme un bébé.
Louis : Que je baillais ?
Cinthia : Pas bailler, brailler comme un bébé (Elle braille comme un bébé).
Louis : Je l’aimais mon grand-père. Si c’était le tien, tu pleurerais aussi.
Cinthia : J’ai jamais connu mes grands-parents.
Louis : En plus, ça me fait un cadeau de moins à Noël pis à ma fête.
Cinthia : As-tu été au salon mortuaire ?
Louis : Parle-moi z’en pas, trois soirs de file. Ça pue là-dedans. Ça sent comme les boules blanches que ma mère met dans les tiroirs au chalet.
Cinthia : Y mettent ça dans les morts pour les conserver.
Louis : En tout cas, mon grand-père, ils l’ont pas bien conservé. On aurait dit que c’était pas lui, que c’était un mannequin.
Cinthia : Moi, j’ai pas hâte de mourir.
Louis : Ma mère dit que c’est la seule justice en ce monde. Tout le monde y passe, les riches comme les pauvres.
Cinthia : C’est certain que je ne me ferais pas exposer.
Louis : J’espère. J’ai pas le goût d’être dans un cercueil.
Cinthia : Imagine que tu te fais enterrer pis que t’es pas vraiment mort et là, tout d’un coup, tu te réveilles dans ta tombe. C’est déjà arrivé y paraît.
Louis : On est mieux de se faire incinérer. Comme ça, y pas de danger que ça arrive.
Cinthia : C’est vrai ça.
Subitement, Cinthia se retourne et se dirige vers les filles qui jouent aux élastiques. Louis la suit tranquillement. Cinthia tasse Mimi.
Cinthia : Tasse-toi, c’est à mon tour.
Mimi : Aie, grande folle.
Cinthia : Ça sera pas long. Je veux juste jouer un petit peu.
Mimi laisse la place à Cinthia. On entend à nouveau une musique de James Bond. Danièle et Jennifer reviennent en avant.
Jennifer : Bon, je suis tannée de jouer aux espions. On fait autre chose.
Danièle : Ah ! Je voulais te faire passer le grade de sergent.
Jennifer : J’ai pas besoin de grade de sergent. J’ai le goût de m’amuser.
Danièle : Je pourrais te donner des cours d’autodéfense. C’est toujours pratique quand on se fait attaquer.
Jennifer : Je pense que t’hallucines. T’écoutes trop de films. Tu vois des méchants partout.
Danièle : Sherlock Holmes dit dans un de ses livres que nous avons tous un criminel qui sommeille en chacun de nous.
Jennifer : Ben moi, je vais laisser dormir le mien.
Jennifer se dirige vers le groupe qui joue aux élastiques. Mimi est en train de pousser Cinthia dans cette pièce de théâtre québécoise.
Mimi : Tasse-toi, ça fait assez longtemps que t’es là.
Cinthia : J’ai pas fini, bon.
Mimi : Tasse-toi !
Jennifer (à Cinthia) : Elle t’a dit de te tasser.
Cinthia (à Jennifer) : Toi, mêle-toi de tes affaires.
Cinthia donne un coup de poing dans le dos à Jennifer. Celle-ci se met à se plaindre.
Jennifer : Ayoye, ça fait mal ça !
Cinthia : T’avais juste à pas fourrer ton nez dans les affaires des autres. Je me laisse pas piler sur les pieds.
Danièle : J’ai tout enregistré la scène et je vais faire un rapport sur cet incident.
Cinthia : Toé la police. T’as pas d’affaire là-dedans.
Danièle : Je suis un témoin et j’ai un devoir de témoin.
Jennifer : Je vais aller le dire à ma mère pis a va téléphoner à ta mère.
Louis : Cinthia, tu devrais t’excuser.
Cinthia : Jamais ! J’ai pas d’affaire à m’excuser. C’est de sa faute.
Mimi : Ben va-t’en. On veut pu te voir. Tu fais toujours mal aux autres. T’es pas fine.
Cinthia : Salut d’abord, vous ne me reverrez plus jamais.
Danièle : On va pas s’ennuyer !
Cinthia s’en va, furieuse. Jennifer se plaint toujours.
Jennifer : Ça fait mal, je vais aller montrer ça à ma mère.
Elle part. Pièce de théâtre québécoise.
Danièle : Bon, ça vous tentes-tu d’espionner quelqu’un ?
Louis : Je sais pas.
Mimi : J’ai jamais fait ça !
Claudya : Ça l’air trippant !
Danièle : Je vais vous montrer comment. On se cache derrière ici et on attend que quelqu’un passe et on l’espionne, c’est simple.
Les cinéastes se pointent. Ils viennent prendre des mesures. Ils discutent en même temps.
Normand : Là les terroristes vont cacher une bombe ici quelque part. Prend ce bout-là.
Serge : Quelle sorte de bombe ?
Normand : Une bombe atomique, rien de moins. Lisa, quinze pieds, trois pouces.
Lisa : Oui-oui
Serge : On mesure-tu dans ce sens là ? Qui est-ce qui va nous faire ça ?
Normand : Les gars de la Experimental Explosive Compagny vont s’occuper de ça. Ils vont mettre la bombe dans une valise.
Serge : C’est une bonne idée. Qu’est-ce que ça donne ?
Normand : Lisa, quinze pieds, trois pouces. Imagine-ça. Des terroristes qui demandent une rançon de 100 millions de dollars sinon ils font sauter la ville au complet.
Serge : Ça va marcher c’est certain.
Normand : On va faire de l’argent avec cette histoire-là, c’est pas croyable.
Serge : J’espère.
Normand : On va prendre la profondeur.
Serge : La profondeur, oui ! Parlons-en de la profondeur.
Normand : Lisa, quinze pieds…
Lisa : …Trois pouces.
Normand : C’est ça. (à Serge) Tu reviendras demain prendre des photos le matin, l’après-midi et le soir. Je veux connaître les différents éclairages de ce lieu.
Serge : OK Boss !
Normand : Lisa, suis-moi !
Ils s’en vont. Les enfants sortent de leur cachette.
Danièle : Vous avez entendu ça ?
Louis : Y parlaient pas assez fort, j’entendais pas bien.
Mimi : Ils veulent faire sauter une bombe.
Danièle : C’est un complot !
Louis : Un complet ?
Danièle : Non, un complot. T’as pas entendu. Y a des terroristes qui vont venir cacher une bombe quelque part dans le terrain vague pour demander une rançon.
Claudya : Pourquoi ils prenaient des mesures ?
Danièle : Pour déterminer l’endroit où ils allaient enterrer la bombe. C’est évident !
Louis : Qu’est-ce qu’on faire ?
Danièle : On va prévenir les autorités. Grâce à nous, la ville va être sauvée.
Mimi : J’espère qu’ils vont nous donner une récompense.
Louis : Y pourraient nous payer du Mcdo pendant un an.
Claudya : Moi je prendrais plutôt mille piastres.
Mimi : Même dix mille piastres pour sauver la ville, c’est pas cher !
Danièle : Avant de parler de la récompense, il faut passer à l’action. On va aller au poste de police.
Fin de la scène de cette pièce de théâtre québécoise.
Scène 7
Antoine revient du travail. Il est professeur d’arts plastiques à l’école que fréquentent les jeunes de la gang à Bouboul. Il a une petite valise à la main. Il traverse le terrain vague quand Emile arrive en sautillant et s’interpose sur son chemin.
Émile : Bonjour Antoine !
Antoine : Ah ! Bonjour, euh.. Émile, c’est ça !
Émile : Vous vous souvenez de mon nom même si vous avez beaucoup d’élèves en arts plattes.
Antoine : Ben, j’ai beaucoup aimé ton travail en abstraction de la couleur l’autre jour. La plupart des élèves font ça n’importe comment, mais toi tu t’étais appliqué. Je dois même t’avouer que ça m’a inspiré pour une peinture que je suis en train de faire. C’était vraiment très bien.
Émile : Ah merci beaucoup ! Je vous vois souvent passer par ici le matin et le soir.
Antoine : Je demeure de l’autre côté du terrain vague. Ça me fait un raccourci entre l’école et ma maison. Pis j’aime ça passer ici. T’sais, quand j’étais jeune, je faisais comme vous autres, je passais mes journées à flâner dans le bout.
Émile : Je sais où vous restez. L’autre jour, avec des amis, on a regardé par une fenêtre, on a vu plein de grands tableaux dans votre salon.
Antoine : Oui, j’ai transformé la maison de mes parents en véritable galerie d’art.
Émile : Ça flash !
Antoine : Ben, le prochain coup, au lieu de regarder par la fenêtre, vous avez juste à cogner, je vous ferai visiter, ça va me faire plaisir. Bon, faut que je te laisse.
Émile s’interpose encore une fois.
Émile : Toi, euh vous Antoine, comment est-ce que tu vis ça être un artiste ?
Antoine a un rire de surprise.
Antoine : Pourquoi tu me demandes ça !
Émile : Ben c’est que… y en a qui disent que je suis un fifi à cause que je fais du patin artistique pis plein d’affaires de même.
Antoine : Qui est-ce qui dit ça ?
Émile : Ben….
Antoine : Dis-moi qui est-ce qui dit ça si tu veux que je fasse quelque chose.
Émile : C’est surtout le gros All..euh Richard Allard.
Antoine : Ça c’est ben son style ! Écoute, je vais m’occuper de cette histoire. Mais toi, laisse-toi pas décourager par ce que peuvent raconter les autres sur ton compte. (Antoine met les mains sur les épaules d’Émile) Si t’as le goût de faire du patin artistique et des arts, fais-le, c’est important ! T’as compris.
Émile : Oui ! Oui !
Antoine : Je vais voir à ça demain. S’il y a d’autres choses, tu viendras me voir.
Émile : O.K., merci là !
Émile repart aussi vite qu’il est arrivé. Antoine prend quelques secondes pour réfléchir. Il vient pour repartir, mais Marie arrive et l’intercepte.
Marie : Bonjour Antoine !
Antoine : Bonjour Marie !
Marie : Antoine… Je voulais vous dire… Je trouve que vous êtes un excellent professeur !
Antoine : Merci Marie ! C’est gentil ! Excuse-moi, je dois…
Marie s’interpose.
Marie : J’aime beaucoup vos peintures comme la grande fresque de la cafétéria. J’en ai parlé à ma mère et elle aimerait ça voir vos toiles. Elle aime beaucoup la peinture ma mère. Elle a même suivi des cours.
Antoine : Ah ! Tu lui diras de venir me voir à la rencontre des parents.
Marie : Vous allez être là ?
Antoine : Bien sûr !
Marie : Elle va sûrement aller te parler !
Antoine : C’est bien !
Il contourne Marie. Il fait quelques pas.
Marie : Antoine !
Antoine se retourne.
Antoine : Oui !
Marie : À la prochaine !
Antoine esquisse un sourire interrogé.
Antoine : Oui, c’est ça !
Antoine part et Marie reste quelques instants, pousse un petit soupire et s’en va.
Scène 8 de cette pièce de théâtre québécoise
Cinthia, Ann-sophie, Rosalie et Frédérique arrivent en courant. Elles jouent à la « tag pont » (celle où tu dois passer entre les jambes de l’autre pour le délivrer). Frédérique a la Tag. Elle touche à Rosalie puis à Cinthia. Celle-ci continue à courir même si elle est morte.
Frédérique : Aie t’es touchée Cinthia, arrête de courir.
Cinthia : Ben non ! Tu m’as juste frôlée.
Frédérique : Tu triches !
Cinthia : Fa là !
Ann-Sophie : C’est plate jouer avec toi, tu ne respectes jamais les règles.
Cinthia : C’est vous autres qui capotez avec les règles.
Frédérique : À chaque fois que t’es là, y a de la chicane.
Ann-Sophie : C’est vrai, y paraît que t’as donné un gros coup de poing dans le dos à Jennifer Leblanc et qu’elle a eu un bleu.
Cinthia : Elle avait juste à se mêler de ses affaires. Elle est venue me déranger pendant que je jouais aux élastiques.
Frédérique : C’est parce que t’écoeurais Mimi pendant qu’elle était en train de jouer.
Cinthia : C’est pas ça l’histoire !
Rosalie qui est toujours plantée là en position de pont : Bon, on joue-tu à autre chose, je trouve ça bébé ce jeu-là.
Ann-Sophie : Vous avez juste à venir chez nous, j’ai trois jeux Nintendo 64 dans le sous-sol.
Cinthia : Trois jeux Nintendo 64 !
Rosalie : Ben non ! Faut pas que tu crois tout ce que dit Ann-Sophie. Y a personne qui a trois jeux Nintendo. Voyons !
Ann-Sophie : Certain que ça se peut. Mon mononcle travaille là-dedans. Y peut en acheter pas cher.
Frédérique : On va le croire quand on va le voir !
Rosalie : C’est drôle, mais à chaque fois qu’on est supposées aller jouer chez vous, y a un problème : ou t’as perdu ta clé, ou ta mère veut pas, ou tes jeux sont tous brisés en même temps, ou t’as plus le temps… C’est vraiment douteux ton histoire.
Ann-Sophie : Je ne vous conte pas de menteries. Je vais vous le prouver.
Frédérique : Parfait, on s’en va chez vous !
Ann-Sophie : Ben… Peut-être demain, c’est parce que là mon père pis mon oncle font des rénovations dans le sous-sol.
Rosalie : Ah ! Comme c’est bizarre ! Pourtant, j’avais entendu parler que vous aviez une deuxième maison à Cap-Rouge.
Ann-Sophie : Oui-oui, on l’a gagné à la loto, mais on va la vendre.
Rosalie : Ouin, ouin…
Cinthia : Aie, Louis s’en vient. Ça vous tente-tu de lui jouer un bon tour ?
Rosalie : C’est quoi ton idée ?
Cinthia : Louis est à moitié sourd. On a juste à faire semblant de parler pis y va penser que ses appareils sont brisés.
Fred : Quoi, je comprends pas !
Ann-Sophie : Quand Louis va arriver, on fait comme des muets, on bouge nos bouches sans qu’aucun son ne sorte.
Rosalie : Est bonne !
Cinthia : Attention, il arrive !
Les filles font semblant de parler entre elles.
Louis : Salut, qu’est que vous faites ?
Cinthia lui répond en muette.
Louis : Hein !
Rosalie fait semblant de lui poser une question.
Louis : Qu’est-ce que tu dis ?
Ann-Sophie et Frédérique font semblant de se parler, puis Ann-Sophie s’adresse à Louis toujours de façon muette. Louis prend un de ses appareils et le brasse un peu. Il le replace. Pendant ce temps, Rosalie pousse un petit rire.
Louis : Je ne sais pas ce qui se passe, mais je ne vous entends pas.
Les filles ont beaucoup de difficultés à se retenir de rire. Rosalie et Ann-Sophie s’éclatent soudainement, les autres suivent.
Louis : Aie, je vous entend rire !
Cinthia continue quand même à lui parler en muette.
Louis : Vous vous moquez de moi !
Ann-Sophie fait « Ben non » en muette.
Louis : Vous êtes pas fines !
Rosalie : Ben voyons, c’est juste pour rire, Louis !
Louis s’emporte : Je ne trouve pas ça drôle du tout. C’est facile de rire pour vous autres. Vous savez pas c’est quoi de mal entendre. Moi, je passe ma vie à me concentrer sur ce que les autres disent. Je voudrais bien vous voir à ma place. Vous trouveriez ça moins drôle.
Rosalie : Ok, capote pas !
Frédérique : On s’excuse, c’était pas une bonne idée.
Rosalie : C’était encore une idée plate de Cinthia
Cinthia : Aie !
Louis : Toi, Cinthia Morin, t’es un visage à deux faces. Une journée t’es gentille avec nous-autres, tu nous jases comme une amie, pis le lendemain, tu nous plantes un couteau dans le dos. Je ne veux plus jamais te parler. T’es plus mon amie.
Frédérique qui renchérit : Louis a raison. Faut toujours se méfier de toi.
Louis : Je suis trop fâché, je vais aller me trouver des vrais amis.
Louis part de cette scène de cette pièce de théâtre québécoise.
Fred : Attend Louis, t’sé, c’était pas mon idée.
Frédérique suit Louis.
Cinthia se met en retrait. Karina arrive en même temps. Elle s’adresse à Rosalie.
Karina : Qu’est-ce qui s’est passé ?
Rosalie : C’est Louis qui se fâche pour rien, juste à cause qu’on s’est moquées de lui.
Karina : Je suppose que vous avez encore ri de sa surdité.
Rosalie : Mettons, oui !
Karina : Pauvre lui ! Tout le monde rit de sa surdité. Je comprends qu’il soit à boutte ! Vous devriez plutôt l’aider.
Rosalie : J’pense qu’on aurait dû y penser avant.
Karina : Faudrait peut-être s’excuser.
Rosalie : Ben là, j’ai d’autres chats à fouetter !
Karina : Comment ça ?
Rosalie : C’est ma mère qui trippe à cause que j’ai un chum de 19 ans et que je veux lâcher l’école.
Ann-Sophie qui était toujours là : Moi aussi j’ai un chum de 19 ans !
Rosalie : Toé !
Karina : Ann-Sophie, arrête de conter des menteries pour te mettre en valeur. Y a plus personne qui te croit.
Ann-Sophie : Je te le jure que c’est vrai.
Karina : Écoute, je te dis ça pour te rendre service. Je pense que t’es rendue au point où tu te crois toi-même. C’est grave ça.
Ann-Sophie : J’ai un chum de 19 ans. Il s’appelle… Charles. Y reste à Montréal.
Rosalie : Ça doit te coûter cher d’interurbains. De toute façon, c’est pas grave, vous avez plein d’argent.
Karina : T’as pas besoin d’être riche ou d’être extraordinaire pour être notre amie. T’as juste à être toi-même, on va t’accepter comme ça.
Ann-Sophie : Je vais aller chercher mon mononcle, il va vous prouver que je ne conte pas des menteries.
Elle part. Les autres haussent les épaules.